Pour nous rendre à l'Est de Bali, mon copain et moi avons pris un bateau rapide vers les plus grandes îles Gili d'Indonésie : Gili Trawangan. De jour, ces îles sont la parfaite carte postale idéale pour un selfie Instagram : une balançoire sur la plage, une eau transparente, du sable blanc et un soleil chaud. De nuit, les îles s'animent, pas seulement avec de la musique forte mais aussi avec des touristes à la recherche de drogues, illégales, « mais bon, on est sur une île » - clin d'oeil.
La politique indonésienne sur la drogue
Pour être née et avoir vécu en Indonésie, je peux vous dire qu'un simple grinder retrouvé dans votre voiture peut vous valoir deux ans de prison (avec un joint, quatre ans). Je peux aussi vous dire que ces sentenses ont tendance à être moins fortes, voire complètement s'estomper dès qu'un billet est glissé dans la main de la bonne personne. Avec la corruption considérée comme normale, Gili Trawangan est devenu le spot incontournable pour les drogues illégales en Indonésie. Leur promotion est si évidente qu'on peut se demander où est le squad d'intervention. Ou encore ce qui est arrivé aux lois indonésiennes supportant la sentence de mort pour les délis relatifs aux drogues.
Avec les Neuf Execution de Bali en 2015 et bien d'autres depuis, la peine de mort n'est pas juste une menace mais bien une dure réalité. Le Président Joko Widodo a même renforcé les fusillades de trafficants étrangers en Indonésie, renforçant sa politique tolérance zéro sur les drogues. Sur cette île, cependant, les locaux comme les touristes ferment les yeux et c'est pour ça qu'on va là-bas. Une fois enregistrés à l'hôtel, nous avons laissé nos bagages à l'hôtel et nous sommes partis dans les rues l'estomac vide. Heureusement pour nous le centre de l'ïle était à peine à 3 minutes de marche.
Les shakes au champignons de Gili T.
Il n'y a pas de voitures à Gili Trawangan, et les touristes se déplacent à pied, en vélo ou en cheval. Avec une seule route longeant la plage, nous sommes passés devant les surf shops bohémiens et les restaurants de fruits de mer. Peu de temps après le début de notre quête, nous avons commencé à entendre des chuchotements de certains locaux : « Champis, champis ? », en passant près d'eux. Nous avons aussi vu certains signes particuliers à l'extérieur de petits bars locaux. Ça allait être assez facile de trouver ce qu'on était venu chercher. Les drogues sont difficiles à ignorer sur cette île.
Nous nous sommes installés dans un bar, nous nous sommes assis sur un tabouret et nous avons commandé un shake aux champignons, et nous avons commencé à discuter avec le barman. Après avoir inspecté les quelques champignons enroulés dans des feuilles de palmier, nous avons fait un signe de tête approbateur au gars qui a tout mélangé avec du coca et du jus de fruits. Il nous a donné nos boissons et nous lui avons donné environ 20 € et nous sommes repartis dans la rue. C'était aussi facile qu'acheter de la weed dans un coffeeshop, juste avec un peu plus de marchandage.
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Le Trip
En marchant sur le chemin, les locaux qui nous croisaient savaient définitivement ce que nous avions dans nos verres en plastique. Un serveur qui attendait devant un restaurant m'appela en me disant que je venais de perdre quelque chose. Après trois minutes de recherches il me dit enfin que j'avais perdu mon sourire, ce qui déclencha un fou rire de la part de ses collégues. Me sentant naïve, je me dépêchai de me diriger vers la plage pour m'éloigner de la plage et regarder le soleil se coucher. Ce seul paysage fait vraiment apprécier aux voyageurs l'endroit où ils sont. Ajoutez des champis et vous serez sûrement comme moi, planant au son des vagues.
Assis sur le sable, nous sommes restés amusés par la petitesse des choses. Nous avons vus des ruches dans les nuages, nous avons cru que le vent nous chuchotait des choses, et à la fin, nous avons commencé à devenir un peu paranos. Avec le temps qui passait, la plage a commencé à devenir plus sombre. Et rapidement notre seule source de lumière a été des flashs de couleurs qu'on pouvait voir à quelques mètres de là : un club ! Nous avons alors commencé à marcher de nouveau, portés par les fêtes qui se déroulaient tout autour de nous. En passant près d'un bar où se déroulait un tournois de beer pong, nous avons entendu quelqu'un chuchoter « Weed, weed ? ». Sans hésitation nous nous sommes assis à côté de ce local choisi un peu au hasard.
Le joint avant de se coucher
Il s'est présenté comme s'appelant Dennis. Il nous as dit qu'il était de l'île voisine, Lombok. Il vivait là avec sa mère et avait actuellement 7 kg de weed chez lui attendant d'être vendue. Il nous dit alors que l'été est le meilleur moment pour gagner de l'argent à Gili T. car les touristes « adorent ce matos, ils l'adorent ! » Comme on avait déjà fait la transaction au moment où il a prononcé « weed », nous l'avons cru volontiers. Il nous a attiré dans un endroit plus sombre de la plage et nous a tendu un sac. Nous l'avons tous les deux senti, et la première chose que nous avons remarqué est une odeur sucrée. Pas sucrée à la manière d'un parfun pour les enfants, mais plutôt le genre d'odeur sucrée qui rappelle un fruit exotique.
Remarquant notre perplexité, Dennis sort un joint de sa poche et l'allume. Il le fait tourner, et disons que, si nous devions la comparer à de la weed hollandaise : c'est de la merde. Il nous dit qu'elle vient de Aceh et pour être vraiment honnête, on en avait pas grand chose à faire à ce moment là. Tous ce qu'on savait c'est qu'on en voulait. Nous avons discuté le prix, et nous avons donné à Dennis environ 15 € par gramme. Les feuilles sont vendues dans les k-marts locaux, alors nous en avons trouvé facilement. Avec ces essentiels en main, on était prêt à terminer la nuit.
De retour sur le balcon de notre chambre d'hôtel, on a roulé le dernier joint de weed et on s'est émerveillé de la nuit passée. Pour une politique sur les drogues si sévère, notre expérience à Gili Trawangan a été étonnamment plutôt tranquille. Malgré le fun, on ne pouvait pas s'empêcher de ressentir le risque qu'on encourait. On se demandait toujours si c'est un risque qui valait la peine d'être pris. Après avoir fini le joint, on s'est levé et on a frotté le sable qu'on avait dans les cheveux (on avait dû rouler sur la plage à un moment). Nos corps ont finalement retrouvé le lit et on s'est endormi en regardant National Geographic, terminant notre chasse aux drogues en Indonésie.
Texte & images : Anonyme
