BlogDe l’importance d’une communauté de microdosage
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De l’importance d’une communauté de microdosage

12-04-2019

Qui n’a pas encore entendu parler du microdosage de truffes magiques, de champignons ou de LSD ? Ici, aux Pays-Bas, la presse généraliste commence à parler de cette pratique, et contribue ainsi à la rendre plus banale aux yeux de beaucoup de gens. La Renaissance psychédélique est bien là, plus aucun doute n’est permis : même le magazine Marie-Claire a publié un article sur les femmes et le microdosage !

Les indispensables du microdosage, presque tous disponibles en smartshop

Dans ce pays, on peut facilement acheter des truffes magiques ou un kit de culture de champignons. Les personnes curieuses ou novices peuvent donc trouver des informations et essayer le microdosage relativement facilement. Plus facilement qu’ailleurs oui, mais pas en un claquement de doigts. Tu peux te poser une myriade de questions : est-ce que je peux conduire sous microdose ? Est-ce que le microdosage atténue ou au contraire aggrave les migraines ou l’anxiété ? Est-ce que le microdosage et les antidépresseurs font bon ménage ?

Ton moteur de recherche préféré t’aidera bel et bien à trouver certaines informations (surtout si tu fais des recherches en anglais). Mais attention, il faut toujours faire preuve de vigilance pour distinguer les opinions des faits. Et à moins de trouver d’autres personnes à qui parler, tu peux vite te sentir isolé·e dans ton expérience de microdosage. Finalement, rien ne remplace le partage et les liens humains. Jakobien, cofondatrice du site internet et de la communauté Microdosing.nl,est elle aussi de cet avis. On a donc décidé de discuter ensemble, autour d’un café, de l’utilité de se regrouper entre microdoseuses et microdoseurs de tous horizons.

Partageons l’info, pas l’intox

Jakobien et sa petite équipe expliquent souvent aux microdoseuses et microdoseurs que « le microdosage (de truffes, de champignons ou de toute autre substance psychédélique) est un outil, pas un remède miracle ». Ce rappel est utile aux personnes débutantes comme aux confirmées. Le microdosage peut nous aider à atteindre un but déterminé à l’avance : par exemple faire preuve de plus de créativité, ressentir plus d’harmonie en général, ou améliorer son bien-être mental. Mais dans tous les cas, il faut travailler pour y parvenir. David, un autre membre très actif de la communauté, fait la comparaison suivante : « la microdose est comme un vélo électrique : tu n’iras nulle part si tu t’assieds dessus sans pédaler ! »

Le vélo-microdose n’avance pas tout seul, il faut pédaler

La réduction des risques est au cœur du groupe Facebook de la communauté ; étant donné que le microdosage n’a pas fait l’objet d’études poussées, les idées reçues sont fréquentes. Les admins ne sont donc pas avares en informations et en soutien, ce que je trouve assez rassurant. Pour Jakobien, il est crucial de donner de la visibilité aux faits et aux données scientifiques quand elles sont disponibles, parfois pour contrer des opinions, parfois pour les étayer.

En effet, la description du microdosage comme une nouvelle « mode » ou une forme de « dopage mental » par certains médias sensationnalistes a favorisé les généralisations et suscité des attentes élevées.  

Que ce soit en ligne ou lors de rencontres, tout le monde est encouragé à participer aux conversations. C’est une vraie richesse, car différentes histoires personnelles et conditions médicales permettent d’accumuler un grand savoir basé sur l’expérience. Ce savoir s’avère précieux pour celles et ceux souffrant de problèmes spécifiques, comme l’algie vasculaire de la face (ou AVF, maux de tête extrêmement douloureux) ou l’anxiété.

Même si ce n’est pas mon cas, j’aime faire partie d’un groupe de pairs curieux et solidaires : je préfère largement cette dynamique d’échange à l’introspection sans fin. Et dans mon aventure de microdosage, le soutien des autres m’aide vraiment à pédaler vers avant !  

Sortons du placard psychédélique

Jakobien distingue deux grands groupes au sein de la communauté Microdosing.nl : les gens qui prennent des psychédéliques, et ceux qui n’en prennent pas. Celles et ceux qui prennent des substances psychédéliques ne peuvent pas toujours parler de leurs expériences avec leurs ami·es, leurs collègues, voire avec leur psychologue ou médecin. J’ai souvent tendance à oublier ça, dans le confort de ma petite bulle à Amsterdam, entourée de psychonautes et d’esprits ouverts. Ailleurs, dans des milieux sociaux ou lieux différents, ces personnes sont souvent invisibles ou stigmatisées. Elles peuvent alors se sentir coincées dans le « placard psychédélique ».  

Dans ces conditions, « il faut du courage pour prendre des psychédéliques, même en microdose ». Trouver des personnes bien informées et qui partagent cet intérêt permet de rompre l’isolement. « On est des gens normaux, » dit Jakobien en souriant. Elle s’empresse d’ajouter : « enfin, on n’est pas un club fermé de nerds ». Effectivement, les personnes que j’ai rencontrées parmi la petite équipe qui anime la communauté sont loin d’être prosélytes. Elles ont des parcours de vie différents, et habitent aux quatre coins du pays. Malgré la somme de connaissances techniques sur le microdosage qu’elles ont accumulées, elles savent que l’expérience des autres est toujours source d’apprentissage.

Soutenons la recherche sur le microdosage

En pleine Renaissance psychédélique, la recherche sur le microdosage ne manque pas de dynamisme. Récemment, j’ai participé à un « atelier de microdosage pour la science » à Amsterdam, coorganisé par des équipes de recherche des universités de Leiden et d’Amsterdam, par la Société Psychédélique des Pays-Bas (PSN) et par Microdosing.nl. La salle bourdonnait d’activité : environ 25 personnes, des sujets volontaires soigneusement sélectionnés, préparaient ensemble des gélules de truffes magiques.

Tout le monde était ravi de participer à ce projet de recherche novateur : il s’agit de la première étude longitudinale croisée en double aveugle sur les effets du microdosage de truffes magiques. Assis autour de tables communes, les participantes et participants brisaient délicatement les truffes en petits morceaux, avant leur déshydratation. J’ai entendu quelqu’un dire à sa voisine : « Je ne peux pas discuter de ça avec ma famille, pas moyen. » Les questions fusaient dans chaque groupe : « tu connais quelqu’un ici ? » ou bien « tu as déjà essayé le LSD en microdose ? »

Après une période de six semaines, pendant laquelle chaque sujet prendra microdoses et placebos, tout le monde se retrouvera à nouveau pour recevoir des nouvelles de l’équipe de recherche. Les tests seront entre-temps effectués individuellement, dans des laboratoires universitaires. Pourtant, le déroulement de cette étude favorise bel et bien le partage d’expérience et le sentiment collectif.

Les sujets bénéficient du soutien des membres de la PSN si besoin est, et savent aussi qu’ils peuvent partager leurs questions, remarques ou inquiétudes (si elles ne concernent pas directement l’étude) avec la communauté Facebook de microdosage. En plus, ils sont encouragés à participer aux rencontres organisées par les deux collectifs.

Au moment même où j’écris ce texte, une autre étude se déroule, mais cette fois-ci à l’échelle mondiale : pendant un mois, elle mesure les effets du microdosage sur des personnes qui prennent une substance active et un placebo. Les sujets préparent les doses et les placebos eux-mêmes, à la maison, en suivant un protocole strict. Toutes les informations utiles (en anglais) sur cette étude sont sur le site internet du partenariat de recherche entre la Fondation Beckley et l’Imperial College London. Là, je ne remarque aucune plateforme, aucun réseau « officiel » pour encourager les échanges entre les volontaires qui participent à l’étude.

Si tu pratiques déjà le microdosage, ou si tu as l’intention de le faire, voilà peut-être quelque chose pour toi. Pourquoi ne pas essayer de rassembler un petit groupe d’ami·es ou de connaissances pour participer ensemble ? Si ces personnes habitent près de chez toi, retrouvez-vous, disons une fois par semaine, pour partager vos expériences. En plus, vous pouvez intégrer des communautés en lignes où les membres discutent déjà de cette étude, par exemple dans des forums Reddit, ou dans le groupe Facebook Microdosing.nl. Sinon, ouvrez la discussion dans des espaces en ligne francophones et lancez des appels pour trouver d’autres volontaires avec qui participer et échanger !

Des communautés plus diverses et plus fortes

De plus en plus de gens pratiquent le microdosage dans le monde, et pas seulement des superstars des startups de la Silicon Valley, ou de jeunes cerveaux californiens ou new-yorkais. Ce sont aussi des personnes comme toi et moi, qui veulent se sentir mieux. Ou bien qui en ont assez des effets secondaires de leurs antidépresseurs et cherchent d’autres solutions. Il y a vraiment de tout : des gens très normaux, d’autres plus bizarres, des esprits scientifiques, adeptes du DIY (fais-le toi-même)... et bien plus encore !

Le groupe Facebook Microdosing.nl a été lancé en août 2017. Aujourd’hui, il compte plus de 1300 membres, de 20 à 65 ans. À chaque fois qu’un article sur le microdosage est publié dans les médias, les nouveaux membres se bousculent, en plus de la trentaine de personnes qui rejoignent le groupe, en moyenne, chaque semaine. Ces nouveaux membres invitent leurs ami·es, et l’effet boule de neige continue. Jusqu’à quel point cette communauté basée aux Pays-Bas grandira-t-elle ? Personne ne le sait, mais j’espère bien que toute personne intéressée par le microdosage pourra trouver des pairs avec qui partager ses expériences, en ligne ou autant que possible dans la vie réelle.

L’année dernière, Julia s’était rendue au séminaire de microdosage Open the Doors, à Amsterdam. Cette année, le lieu n’est pas encore déterminé, mais l’événement aura lieu le 26 mai. Si tu vis aux Pays-Bas, viens te faire ta propre opinion sur place. Sinon, c’est l’occasion ou jamais de nous rendre visite ! Là-bas en tout cas, pas de doute, tu rencontreras des brochettes de microdoseuses et microdoseurs.

Commandez tout ce qu'il vous faut pour le microdosage

Tu connais des communautés ou groupes autour du microdosage dans ton pays ou ta région ? Laisse un commentaire ci-dessous.

Quelques communautés et espaces dédiés au microdosage

- Site internet et groupe Facebook Microdosing.nl (néerlandais, anglais)
- Site Internet The Third Wave, une référence, mais à l’orientation très commerciale (anglais)
- Subreddit Microdosing (anglais)
- Forum Mycotopia (anglais)
- Forum Psychoactif (français, quelques sujets sur le microdosage)
- Groupe Facebook de microdosage d’Ayahuasca (anglais)

L'image illustrant cet article provient de La Dame en Noir

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