C'est la deuxième fois que je bois du San Pedro. Ma première expérience s'est passée à la maison avec une amie. Ce qui le reste le plus présent comme souvenir est cet état d'esprit euphorique, ces couleurs chaudes et de magnifiques paternes : imaginez les fameuses œuvres Huichol tourner tout autour de vous.
Et évidemment je me rappelle aussi ce breuvage visqueux que nous avons obtenus à partir des pièces de cactus sec. C'était très similaire à de la morve, et pratiquement impossible à avaler... Mon impression du cactus était comme étant proche de la terre. Davantage par exemple qu'avec l'ayahuasca, le voyage était plus à propos des cycles de notre existence terrestre et leur beauté. Le message ? Vivre au maximum notre vie ordinaire de tous les jours.
Camino rojo
Maintenant je suis le point d'expérimenter le San Pedro dans un contexte de cérémonie rituelle, avec l'une des nombreuses "familles" du camino rojo. Le "chemin rouge" ou "chemin du cœur" est originaire des années 1990 et il est basé sur les traditions chamaniques indigènes d'Amérique du Nord, Centrale et du Sud.
Pipe sacrée
La légende dit que les Lakotas possédaient une pipe sacrée transmise de génération en génération. Elle n'était pas censée être utilisée avant que "le peuple blanc ne laisse pousser ses cheveux et sa barbe". Le moment serait alors venu d'unir les différents peuples d'Amérique.
Dans les années 90, celui qui a fait de la pipe sa carrière, Aurelio Diaz, a voyagé du Nord au Sud de l'Amérique. Toutes les tribus ayant accepté son message se réunirent alors pour la première fois, au cours d'une célébration de demi-lune. Depuis ce jour le camino rojo s'est répandu à travers le monde. La tradition est affiliée à l’Église des Américains Natifs, et tous ceux qui ressentent cet appel peuvent suivre ce chemin. L'utilisation de différentes plantes médecines est utilisée en combinaison avec des cérémonies de sueries. En outre, la quête de la vision - passant plusieurs jours seuls dans la nature - a une place importante dans cette tradition.
Jus de tabac, thé et icaros

Un feu cosy brûle à l'intérieur du tipi dans lequel nous entrons aux alentours de onze heures du soir. Un autel a été créé autour du feu, en forme de croissant de lune - correspondant à la phase de lune actuelle.
La nuit commence avec des prières et le partage des intentions. Ensuite, nous faisons tourner une tasse de jus de tabac. Pour de nombreux chamans, le tabac est une "médecine" plus importante que les plantes psychédéliques. Exhaler la fumée était supposé avoir un effet nettoyant et curatif. Le tabac est utilisé également pour affirmer les prières et les intentions. Il faut prendre un peu de jus dans le creux de sa main, et le sniffer une narine après l'autre. C'est ainsi que vous vous préparez pour vous ouvrir à la véritable chose. Tout le monde est alors en train de tousser.
Ensuite nous buvons un thé de San Pedro. C'est bien plus facile à boire que notre précédente substance visqueuse, mais ça laisse un arrière-goût amer. Plus tard, la "médecine" est également servie dans des boules énergisantes géantes mixées à du cacao : un combinaison étonnamment délicieuse !
Maintenant le San Pedro commence vraiment à faire effet. Cependant, cela ne me submerge pas. Toute mon attention est toujours concentrée sur la cérémonie. Il y a alors beaucoup de chants, principalement des icaros chamaniques et des chants espagnols de guérison.

Guérison et célébration
Au milieu de la nuit le chaman – une femme occidentale étant passée par de multiples initiations – se déplace à travers le tipi pour donner à tout le monde une session personnelle de nettoyage avec son shacapa (bouquet de feuilles). Ce n'est certes pas déplaisant, mais ça n'a pas eu d'effet clairement visible sur moi.
Je suis toujours fascinée par tout ce qui se passe autour de moi. De temps en temps, je peux voir en face de moi les visuels caractéristiques du San Pedro ; tout autour de moi a comme une brillance chaude et je me sens heureuse. La cérémonie se termine au lever du jour avec beaucoup de prières émouvantes. Après quoi nous sautons immédiatement dans la tente de sudation, afin de renaître une fois de plus.
Après-coup
La cérémonie était très structurée : faire un break et faire un tour dehors n'est pas une option. Cela permet de créer un environnement sur et protecteur, chacun étant en permanence connecté au processus du groupe. Certains participants ont vécu un moment un peu difficile, pleurant ou vomissant, mais personne n'a perdu ses esprits. L'inconvénient est qu'il n'y avait pas de place pour une expérience personnelle ou une interattraction avec le San Pedro. La cérémonie n'en était pas moins magnifique. L'atmosphère était bonne, les gens étaient ouverts et plein d'amour. Au fur et à mesure de la nuit, les gens ont eu de plus en plus d'émotions. Le rituel complexe, ayant pour but la connexion avec "le grand esprit" et les quatre éléments est très puissant. Après quoi je me suis sentie complètement connectée avec moi-même et avec le monde autour de moi. J'ai ressenti une agréable sensation pendant les semaines qui suivirent.
By Judith