Les eaux usées révélent la quantité de drogues utilisées
D'après Fritz Sorgel, à la tête de l'Institut de recherche biomédicale et pharmaceutique de Nuremberg, en Allemagne « La technique doit poursuivre les travaux et de validation, mais ce document montre que c'est une approche possible pour estimer la consommation de drogues sur une grande échelle ».
Habituellement pour mettre des chiffres sur la consommation de drogues illicites, les chercheurs utilisent les résultats d'enquêtes et les données de la police et de la douane. Mais ces méthodes ne sont pas assez précisent, il faut donc trouver une méthode plus précise et objective. L'une des possibilités est de contrôler les eaux usées d'une ville et de rechercher les traces chimiques des drogues elles-mêmes ou après qu'elle soit passer par le corps humain.
Pendant une semaine en Mars 2011, Thomas, toxicologue à l'institut de recherche des eaux, en Norvège et ses collègues ont recueilli des échantillons représentant 24 heures de débit des eaux usées de 21 stations d'épuration dans 19 villes à travers l'Europe - d'Anvers à Zagreb. Les échantillons ont été analysés, cinq drogues différentes ont été trouvées.
La consommation de cannabis est plus ou moins la même dans toute l'Europe. Cependant il y a des différences parfois spectaculaires concernant l'utilisation d'autres drogues. Par exemple la cocaïne par habitant semble la plus élevée en Belgique et d'autres parties de l'Ouest et du centre de L'Europe mais plus faible dans le nord et à l'Est. Quant à la consommation d'ecstasy, elle est plus élevée à Anvers (ville belge), Londres et certaines villes aux Pays-Bas. Alors que concernant la méthamphétamine par habitant, la consommation fut la plus élevée dans les villes scandinaves et à Budweis, en République tchèque. Cette méthode permet de connaître en temps réel la quantité et la drogue consommée.
Mais il faut faire attention, car parfois la consommation semble élevée, mais la quantité peut être due, justement, aux laboratoires. C'est ce qu'on peut observer en Belgique ou Pays-Bas lors de la recherche d'amphétamines
Dans l'étude, publiée dans Science of the Total Environment, les chercheurs estiment que, globalement, près de 355 kg de cocaïne ont été utilisés en Europe tous les jours pendant la semaine d'étude. « Mais ce nombre est juste une estimation approximative, car nous avons extrapolé à partir des villes à des pays entiers », explique Thomas.
Mais Sorgel met en garde, il y a plus d'incertitude dans les chiffres, car en moyenne le corps excrète 38% d'une dose de cocaïne.
Une étude de suivi est également en train de se faire par Thomas et ses collègues dans une ville des Etats-Unis, ce sera la première étude qui fournira un comparatif entre l'Europe et le Etats-unis
Source
Sciencemag.org - 'Flushing out drug users' (Anglais)
